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Arbre

Le Temps des Rêves

C'est bien, il manquait un défenseur de l'abstention dans ce débat !
Je suis d'accord avec toi sur le mot "démocratie" qu'on utilise un peu à tout bout de champs et pas forcément à bon escient. D'ailleurs il me semble qu'il y a une différence entre "démocratie" et "république", mais je serais bien infichu de l'expliquer. Dans une république le peuple choisit des gens pour le gouverner, c'est discutable, mais c'est à peu près efficace et c'est notre régime actuel. Comme tu l'as fait remarquer, il est impossible de pousser le concept de démocratie à bout de façon viable (et l'anarchie n'est à mon avis pas plus performante dans ce domaine que la république) : on ne va pas faire un référendum pour chaque modification d'une phrase dans n'importe quel texte de loi. Est-ce pour autant qu'on ne peut pas se féliciter du petit bout de démocratie contenu dans la république, en faire usage et tenter de le conserver autant que possible ?

Je pense que j'arrive à comprendre la vision de l'abstention que tu soutiens ici, mais je n'arrive pas à y adhérer.
Il faut quand même rappeler que le vote est obligatoire dans certains pays, et en France il ne constitue pas seulement un droit mais aussi un devoir civique, aussi floue et discutable que soit la notion de devoir civique. On peut se sentir étranger à la communauté d'un pays, on peut se sentir apatride, ou penser que les politiques sont tous corrompus, que voter ne changera pas le monde, etc., mais objectivement on vit quand même tous dans un pays, on subit et profite des institutions de ce pays. Comment peut-on lui reprocher un mauvais fonctionnement si on utilise même pas le fragment de moyen imparfait qui est à notre disposition pour signaler ces imperfections et essayer --c'est déjà pas mal-- d'avoir une petite influence dessus ? Pourquoi tenter d'améliorer ce moyen s'il semble n'intéresser personne ?
Pour revenir sur la différence entre l'abstention et le vote blanc, pour moi l'abstention signifie en gros "je m'en fous, faites ce que vous voulez je ne me sens pas concerné" avec tous les dangers que ça comporte, alors que le vote blanc signifie "sincèrement, j'aimerais quelque chose chose qui soit plus au niveau parce là y'en a pas un pour racheter l'autre".
On peut ne pas se sentir concerné, effectivement, par ce qui se passe autour (ou plutôt dans le lointain des assemblées d'élus chipotant sur un amendement de l'articile 356-3 de je ne sais quelle loi obscure sur l'économie). Je dirais que si on ne se sent pas concerné c'est qu'on a la chance de ne pas se sentir révolté, ce qui pourrait finir par arriver si tout le monde laisse dériver la politique sous prétexte qu'en l'état elle n'est pas très attrayante.
Pour reprendre l'image bien connue du bateau, et proposer quelque chose d'un peu plus osé : c'est un peu l'équipage qui trouve qu'on se fait chier sur ce navire, que le commandant est décidément un emmerdeur incompétent comme la plupart des matelots, alors tout le monde abandonne son poste et fait d'autres choses qu'il estime plus importantes, et pendant ce temps là le capitaine se prend un iceberg. Bon, c'est une image qui vaut ce qu'elle vaut.
En tout cas j'ai quand même du mal à admettre que tous les combats défendus par les différents partis politiques te semblent si indifférents que ça. Qui sommes-nous pour juger de la justice d'un combat ? Ben on est ceux qui vivent sur le champs de bataille, tout simplement !

Petite citation qui me revient en mémoire pour finir : "même si tu te t'intéresses pas à la politique, rappelle-toi que la politique s'intéresse à toi"