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Arbre

Le Temps des Rêves

Tagada, tagada, tagada !

Le bruit des sabots approche.
Rien d'inquiétant pour le moment
Mais vous êtes en Irlande,
la nuit est tombée,
la brume agrippe
et enveloppe vos chevilles.
La lune apeurée se réfugie
derrière un cirrus et jette un œil.

Tagada, tagada, tagada !

Le sol tremble, gronde.
La faune se tait
La flore se pétrifie.
La température ambiante chute.
Vous frissonnez,
Les cheveux dans la nuque se dressent
Vous sentez l'obscur arriver ;
Nul farfadet pour vous tirer de là.

Hiiii !

Le sombre destrier vous fait face
Son cavalier toise de toute sa hauteur
Votre modeste personne.
Le Dullahan esquisse un geste,
comme pour se découvrir
Mais c'est sa tête qu'il ôte.
Vous ne pouvez détacher votre regard
De ses yeux flamboyants.

Clac !

La mèche vient de claquer.
Une goutte de sang se fraie un chemin
De votre pommette jusqu'à
La commissure des lèvres.
Le fouet grince, craque.
Vous remarquez qu'il s'agit de vertèbres.
Les vôtres se crispent.
Un sourire serpente sur son visage.

Murmure...

Vous retenez votre souffle,
Fermez les yeux à en avoir mal.
Votre cœur bat encore
Vous sentez le monstre passer
Vous frôlant de trop près.
La lande sort de sa léthargie,
Les bosquets vivent à nouveau.
Ce n'est pas votre nom qui fût prononcé.

Mickaël Landès
Le 27 novembre 2013