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Arbre

Le Temps des Rêves

Zinzolin a dit :

Bienvenu parmi nous !!

Ben déjà, je te tire mon chapeau pour le simple fait de te lancer dans une telle entreprise sans formation particulière. En plus, c'est pas du grec classique, argh ! (Je n'oserai pas te demander depuis combien de temps tu pratiques le Grec, ce serait te forcer à avouer un âge.^^)
J'ai trouvé ta traduction très fluide : tu joues avec la langue d'arrivée et tu ne présentes pas une traduction servile du texte de départ, ce qui n'est franchement pas évident. J'ai un peu de mal avec le choix des alexandrins qui sont très handicapants face au texte original mais le résultat sonne bien donc ça doit être personnel.

Si je peux oser quelques remarques, en tant qu’helléniste de fraîche date (mais j'en bouffe quand même six heures pas semaines cette année^^), je pense que tu devrais revenir au texte grec pour résoudre les problèmes soulevés par Nani.

=>"Ma propre poitrine", au vu du texte grec, n'est pas justifié par le rendu d'un "μοι" ou d'un "auton" mais plutôt par l'alexandrin français. Peut-être pourrais-tu pour gagner ces syllabes manquantes développer davantage sur le verbe de la phrase, "ἐπτόαισεν", qui signifie plus (d'après le très Saint Bailly) que "fondre", il y a une notion de transport passionnée, le coeur est frappé, etc... du coup, ça te fournit de quoi faire une petite expression qui entrerait dans le cadre de ton alexandrin.
=>Pour "la voix quitte ma bouche", tu t'éloignes volontairement du texte pour faire une formulation condensée et bien plus poétique qu'un vague "je ne suis plus en mesure de parler" (j'ai pas très bien compris ce passage) mais du coup, tu es aussi libre de la rendre plus élégante encore, puisque les mots "bouche" et "voix" ne sont pas dans le texte. Pourquoi pas "la parole me quitte" ?
=>Quant au "car", il est bien dans le texte mais pas là où tu le places, ce qui explique peut-être son étrangeté : "ὠς γὰρ " explique (ou du moins crée l'enchaînement logique si cher aux Grecs, même en poésie, grrr !) avec les effets de l'amant sur le coeur. Si tu veux absolument le rendre, il doit se placer avant "dès que je t'aperçois" et c'est un "ἀλλά "qui se trouve avant l'histoire de la langue, intraduisible je pense, puisqu'il marque une opposition qu'on ne ferait pas en français : je ne peux pas parler, mais au contraire ma langue se brise.

Voilà ! Désolée si j'ai pu te paraître pédante. Ceci n'était pas un moyen d'étaler mon peu de science mais de t'aider à approfondir un projet que je trouve génial ! Et puis, du grec sur ce forum, j'ai pas pu résister !^^



Le choix de l'alexandrin se justifie par la recherche d'un rythme aussi fluide que la strophe sapphique (3 trois vers choriambiques de 11 syllabes et d'un de 5 syllabes). Ca se discute !
J'ai personnellement fait une traduction littérale du texte avec chacun des mots du très Saint Bailly (comprendre : très moche, vulgaire, disgracieuse et j'en passe). Mais mon collègue chargé d'embellir la traduction littérale, après recherches, a préféré faire quelque chose de plus poétique et doux. Je me rappelle lui avoir suggéré "la parole me quitte", mais on n'a pas réussi à faire un truc joli avec ça. Les traductions multilingues de ce fragments proposent d'ailleurs des expressions bien plus poétiques, mais du coup plus éloignées ; encore une fois, ça se discute.
Il me reste à traduire les 6 derniers livres de Sapphô, et notre fichier Word est bourré de commentaires et de surlignages en tout genre. Autrement dit : c'est en maturation !

Merci pour ces remarques pertinentes ^^