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Arbre

Le Temps des Rêves

Une image, même un peu plus que cela.

Un portrait, plutôt. Puis un autre, et un autre...

Celui-là me fixe, me sonde et me juge.

Mes yeux s'accrochent, mon cœur s'emballe.



Je croyais la page tournée

Mais comme un sourire semblant me narguer

Cette bouche de papier va m'engloutir,

Chaque souvenir que j'avais cru larguer...



Ce sourire figé, plein de cellophane,

Plein de poussière et écrasé

Me mâche les tripes

Et fait saigner mes pleurs.



Ce regard condescendant

Rempli de cendres du passé

Rallume en moi un vieux brasier

Qui brûle ma chair et ravive mes peines.



Car tu es heureux, toi le clone délavé,

Aux dents pleines de bonheur mâchouillé

Avalant la vie, ma vie, mon passé

Mes doigts en fondent, se confondant à mes larmes.



La pompe à sentiments ne sait plus quoi penser

Face à ce cliché empli de ta joie d'être.

Elle ne fait que cracher des réminiscences,

Des restes d'un ancien bonheur.



Dur à digérer... Je me plie en deux,

L'acide chloraurique gastrique nimbe mes yeux

Et ulcéré je ne peux ravaler ma bile

Moi qui croyais le futur facile.



Les tremblements de la couverture ont cessé.

Et moi, terrassé, je gis en morceau,

Tout comme cette photo déchirée

Devant laquelle jaillissent des sanglots.



Lentilles déformant ton image

Idéalisée par le passé et l'oubli

Mais notre histoire ne fut qu'un instantané:

Fugace, éphémère, quasi-abandonné et beau.



Le Grand Inculte

Le 28 août 2013