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Arbre

Le Temps des Rêves


Il faisait un silence de cigales
Ce silence qu’on ne peut entendre
avant qu’il ne se brise et ne laisse
− au bout de la langue −
une perle d’eau claire qu’on n’ose avaler.

Épinglés au bitume, rivetés par le ciel
ils marchent
et la Soif se traîne dans leur ombre
sa main rugueuse sur leurs épaules.

Il faisait un silence d’orage.
Le bitume serpente, oppressant,
et la salive, trop épaisse, trop gluante…
La main de la Soif a glissé sur leurs gorges.

Épinglés sur les routes – si loin des cimes
ils marchent
Dans leurs yeux, le cours bondissant des cascades,
les prairies et les lacs bleu profond,
le frôlement de l’ardoise
et le ballet des fleurs près des névés brûlants…

Lovée dans leur bouche, la Soif qui les fait taire.

Mais sous les nuages qui crèvent
se dénouent leurs gorges et leurs langues,
la langue des pupilles qui s’accrochent, s’accordent
et celle des iris qui se confondent au ciel.