A chaque fois j'ai l'impression que tu essayes d'expliquer puis que tu fuis et du coup on sait qu'il part sur Mars mais ça s'arrête là, hors au troisième chapitre le suspens de cette idée commence à tomber et je pense que pour le relancer le mieux serait de donner enfin toutes les précisions
Sur le coup, j'ai pas répondu, mais j'y ai pensé un long moment. Il faut savoir que je considère mon histoire comme étant une nouvelle, car elle n'a pas le format classique que l'on trouve dans les romans. Début, élément perturbateur, transition, résolution, fin. Donc c'est très complexe de trouver une solution au problème que tu pointes... Encore une fois, je pense qu'il faudra juger de ce problème en connaissant l'histoire entière.
Sinon, je mets le chapitre 4 aujourd'hui.

On retourne une dernière fois dans la sphère familiale avant que le héros ne se concentre sur sa préparation.
Assise à la table de la cuisine, Mary remplissait un formulaire de commande, avec, ouvert en grand juste à côté, le catalogue de vêtements de mode.
-Ah, ça y est! dit David en entrant. Sans se retourner, Mary sourit.
-Je ne t’avais pas entendu entrer. Comment s'est passée ta matinée?
-Ça y est, répéta-t-il, après l’avoir embrassé sur la nuque, ils vont devenir riches, à millions!
-N’exagère pas…
David alla se servir un café à la cafetière. Mary signa en bas de la feuille, puis posa son stylo.
-Ça va toi? demanda-t-elle, avant de venir l’embrasser.
-Plutôt bien. Alors, les emplettes? demanda-t-il en désignant le formulaire. Fais voir ce que tu as commandé?
Elle prit le catalogue sur la table, et pointa les divers articles:
-J'ai commandé... cinq robes, deux pantalons, un seul t-shirt parce que je ne les trouve pas très beaux, et deux manteaux d’hiver.
David allait faire une remarque sur le prix pour la taquiner, mais se ravisa en réalisant qu'il ne serait peut-être pas là quand Mary recevrait et mettrait ces vêtements.
-C’est bien, je pense qu’ils t’iront bien.
-Merci, répondit-elle, fière de ses goûts et de ses futurs achats.
David hocha la tête, et but de son café.
-Tu sais quand tu pars, alors?
David allait prendre son badge, mais leva les yeux au ciel, en se souvenant qu’il n’y verrait rien.
-Mince, j’ai oublié de regarder...
-Tu as oublié de regarder? Tu te moques de moi?
-Non, j'ai vraiment oublié. Je te donnerai la date de départ lundi sans faute.
-Ah, ça veut dire que tu passes le week-end avec nous, alors?
-Oui, et puis après, je vais devoir me mettre au travail, donc je rentrerai le soir la plupart du temps.
Mary le regardait interrogativement depuis « me mettre au travail».
-Travailler le physique, expliqua-t-il, en mimant des pompes.
-D’accord. Bon, en route pour l’auto-école alors?
David leva encore une fois les yeux au ciel.
-Décidément… dit-il.
-Ça aussi tu l’avais oublié...
-Je ne l’ai pas oublié, c’est juste que je n’y pensais plus. Si tu ne me l’avais pas dit, je m’en serais surement rappelé tôt ou tard.
-Ou tôt ou trop tard…
-Tu me sous-estimes là, si je comprends bien!
Il commença à la chatouiller, puis ils s’embrassèrent, plus intensément cette fois.
Dans l'après-midi, David et Mary inscrivirent leur fils à l'auto-école. Mary avait recueilli l'avis de collègues et de voisins pour faire son choix. L'auto-école n'était pas la plus prestigieuse, mais les moniteurs savaient se montrer patients et sympathiques.
En sortant de l'auto-école, dans la voiture, David regarda Andros, assis à l'arrière, dans le rétroviseur:
-Tu nous excuses bonhomme, on doit aller voir pour une nouvelle voiture pour ta mère, car si tu n'es pas au courant, le moteur de la Chrysler s’est noyé ce matin.
-Hein? Mais tu m’as rien dit maman.
-Je me suis dit que ça te ferais ni chaud ni froid.
-Ni chaud ni froid? Mais tu rigoles, j'aurais pu essayer de t'aider...
-Désolée...
-Bon en tout cas, allez-y, moi ça me dérange pas, j’aime bien voir les voitures…
-Merci, répondit David.
-J’adore la mécanique, marmonna Andros.
Ils roulèrent jusque un concessionnaire de voitures d'occasion du nom de Diamonds, qui se trouvait comme d'autres commerces divers, sur le bord de la route menant à l'autoroute 94. David, qui passait devant chaque jour de travail, s’était dit qu’il y irait un jour, en cas de besoin.
Les voitures à vendre étaient disposées sur un sol à terre battue. Ils se garèrent à côté de l'une d'elles, puis descendirent. David et Mary allèrent marcher vers les voitures familiales, tandis qu’Andros alla vers les sportives. Un vendeur, le seul présent sur le parking qui venait de s'occuper d’une femme repartie sans dépenser un centime, snoba Andros, et rejoignit David et Mary, qui se promenaient côtes à côtes.
-Bonjour, je peux peut-être me rendre utile, peut-être cherchez-vous un véhicule en particulier?
-Bonjour, répondit Mary.
-On fait juste un petit tour pour l’instant, expliqua David.
-D’accord, répondit le vendeur, très souriant.
Ils marchèrent encore un moment ensemble, puis allèrent vers d'Andros. David le rejoignit, et passa son bras autour de ses épaules. Mary attendait un peu plus loin, assise sur le capot d’une berline rouge.
-Papa, qu’est-ce que tu fais? Arrête on va nous voir... dit timidement Andros.
-C’est ceux qui font toujours la gueule qui devraient avoir honte, tu ne trouves pas?
-Si on veut...
-Aujourd’hui, c’est un grand jour pour ta mère et moi.
-Ah bon…
-Tu demandes pas pourquoi?
-Pourquoi?? demanda Andros, en exagérant sa curiosité.
-Parce que notre fils s’est inscrit à l’auto-école…
-Ah, oui c’est vrai que c’est important pour moi aussi. Merci papa, répondit-il, en croyant que c'était ce que son père cherchait à lui faire dire.
-Attends, laisse-moi finir…
Andros lui fit signe de continuer. Il attendait de son vieux père rien d'autre qu'une blague loin d'être marrante. David prenait souvent un air sérieux pour raconter n’importe quoi à son fils.
-Et parce que, ce même fils, va être aujourd’hui l’acquéreur d’un véhicule à son nom.
David crut qu’Andros n’avait pas compris, tant son visage n’avait pas changé. Puis, sur ce même visage se dessina une très grande surprise. Andros se dégagea de son bras.
-Quoi!
-Tu as très bien compris.
-Vous allez me prendre une voiture?
David hocha la tête, et Andros lui sauta dans les bras.
-Oh… C’est super!
Puis il courra voir sa mère, et lui posa la même question. Quand elle le lui confirma, il la prit dans ses bras elle aussi.
-Bon, il est parti où ce vendeur, demanda David en se grattant la tête, moi qui croyait qu’il resterait dans les parages…
Il fut rejoint pas Mary et Andros. «Oh, j’en reviens pas», répétait Andros à qui voulait bien l’entendre.
-Monsieur le vendeur! s'exclama David vers ce dernier, qu’il avait aperçu au loin.
-Oui, je viens, répondit-il, en poussant la voix aussi fort qu’il le fallait.
Quand il arriva devant eux, il demanda à David et Mary:
-Alors, vous vous êtes décidés?
David se gratta la tête une nouvelle fois, et répondit:
-On voudrait acheter une voiture, pour ce jeune homme.
David désigna son fils d’un coup de doigt furtif. Pour la première fois, le vendeur regarda Andros dans les yeux. Puis il sourit.
-D’accord, donc moi je me présente, je m’appelle Luc, et je vais essayer de vous aider comme je le peux. Alors, vous pensez qu’on devrait aller vers quel sorte de véhicule, plutôt petit pour commencer ou…
Il avait demandé cela en ayant du mal à se concentrer sur Andros. Il ne pouvait s'empêcher de détourner son regard vers ses parents, qui géraient le portefeuille.
-C’est à toi de décider Andros, dit David.
-Hmm... Les petites, pour voir ce qu’il y a, répondit Andros au vendeur. Mary regarda David en haussant les sourcils, mais ce dernier lui fit comprendre en secouant la tête, que lui n’était pas surpris. Ils allèrent vers les voitures à faibles puissances, et le vendeur en présenta quelques-unes. Andros l'écouta attentivement. Il lui demanda quelques informations en plus. Puis, il décida de se renseigner sur des voitures plus puissantes. Là aussi, le vendeur présenta quelques voitures, dont il donna les points forts et les points faibles. En insistant bien sur les points forts, naturellement. Comme Andros ne semblait s'être emballé par aucune d’entre elles, le vendeur
proposa:
-Vous voulez peut-être quelque chose d'un peu plus puissant encore?
Mary grimaça.
-Non merci, répondit Andros. En fait, j’ai déjà fait mon choix.
Ce fut cette-fois David, Mary et Luc qui furent surpris.
-J’ai choisis celle-là, dit Andros, en montrant du doigt au loin, là où était garés les voitures moins puissante un véhicule rouge vif.
-La volkswagen? demanda le vendeur, qui était redevenu un expert en vente dénué de toute émotion véritable.
-Oui, confirma Andros.
Ils s'en approchèrent.
-C’est une sept chevaux, dit le vendeur, en guettant la réaction d’Andros.
-Oui je sais. Mais je me dis que c’est ma première voiture. Si je prends un truc trop puissant, je risque de foncer dans le décor alors…
-Tu es sur Andros? demanda Mary.
-Oui, sur, répondit-il.
-Bon, je crois bien qu’on va prendre celle-là alors, dit Mary au vendeur. Après quelques vérification de l'habitacle qui confirmèrent les envies d'Andros, ils entrèrent dans le bureau du concessionnaire pour régler l’achat. Le vendeur devait seulement régler une formalité (un appel au patron) pour laisser partir la voiture dans l’après-midi. Alors, David, Mary et Andros rentrèrent sans elle, puis retournèrent la chercher en toute fin d’après-midi.
Le soir venu, la golf brillait de son rouge vif au pied de la maison. Avant d'aller se coucher, David frappa à la porte d’Andros. Ce dernier lui dit d'entrer. Sa lampe de chevet était allumée.
-Tu dors pas?
-Non tu plaisantes, j’y arrive pas. J’arrête pas de me lever pour aller voir la voiture par la fenêtre.
-Tu veux y aller encore?
-Oui, pourquoi pas.
Ils allèrent tous deux regarder la golf. Puis, Andros retourna dans son lit. David s'assit à côté de lui.
-C’est vraiment gentil de votre part, papa. C’est généreux.
-Tu es notre fils, relativisa David.
-Oui, mais quand même…
David arrêta de sourire et prit un air très sérieux.
-Il faut que je sois franc avec toi, Andros.
-Comment ça?
-J’aimerais que tu viennes me chercher avec cette voiture.
-Attends, comment ça, je comprends pas là. J’ai pas encore le permis.
-Je voudrais que tu viennes me chercher… Tu te souviens, ma simulation de voyage dont on avait parlé...
-Oui.
-Et bien, cette fois, j’y vais pour de vrai.
-Tu vas voyager dans l'espace! s'exclama Andros.
-Oui. Je vais sur Mars.
-Moi qui pensait que ça n'arriverait pas avant une cinquantaine d'année...
-La technologie progresse tous les jours...
Le visage d'Andros s'attrista.
-Ça veut dire que tu vars partir longtemps alors…
-Oui, je ne sais pas encore exactement, mais pour un long moment, c’est sûr.
-Mince… Ça va être dur sans toi ici…
-Pour moi aussi, ça va être dur, sans vous.
-Comment ça va se passer tout ça, maman est au courant?
-Oui, elle le sait depuis deux jours en fait, je voulais prendre mon temps pour te le dire.
Andros hocha la tête.
-Bientôt, vous saurez tout ce qu’il y a à savoir, il y aura un direct pour expliquer tout ça d’après ce qu’on m’a dit. A la télé.
-T’as pas peur papa?
-Pour l’instant, je suis avec vous, dans notre maison, donc non.
A l’extérieur, leur chat Philibert commença à miauler.
-Je crois que lui aussi ça le rend triste tout ça, dit Andros.
-Je pense qu’il a plutôt envie de rentrer pour se remplir le ventre.
Andros rit.
-Je viendrais te chercher.
David hocha de la tête.
-Bon, je vais aller lui ouvrir.
-Oui, bonne nuit papa.
-Bonne nuit, à demain.
David descendit ouvrir la chatière, et le gros chat entra rapidement, se dirigeant d’un pas ferme et définitif vers sa gamelle remplie de croquettes.
«Ce chat a-t-il déjà eu la moindre estime pour nous? »
A l’intérieur de sa chambre, la lumière était tamisée. Mary lisait un livre qu’elle posa sur sa table de nuit quand il entra. David s’avança vers elle, et lui dit, d'un ton lent et évasif:
-Ça y est, je lui ai dit.