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Arbre

Le Temps des Rêves

Rah ! Le type qui a écrit l'article a une sacrée plume et son ton m'empêche de savoir si je suis triste par manipulation ou par conviction personnelle.
Je pense qu'il faut faire la part des choses entre le livre d'auteurs, qu'on peut acheter en poche, transporter sur soi, lire et relire n'importe où, dans n'importe quelles condition, en cornant les pages, en le prêtant, en le donnant, en griffonnant parfois dans les marges... C'est peut-être lié à mes études mais j'ai un rapport très physique à ce genre de bouquins : une couverture que tu uses sous tes doigts, une autre que tu caches parce qu'elle te fait peur, ce réflexe de chaque matin de tâtonner à l'endroit où j'ai laissé le livre hier, dans des endroits peut-être improbables, pour reprendre le fil de cette deuxième vie qui ne me quitte presque jamais. Il y a des livres que l'on déteste, pas seulement l'histoire mais l'objet en lui-même, à cause de l'histoire qu'il renferme (de Gaulle ?). Bref, je ne vois pas comment une liseuse pourrait remplacer ce rapport-là au livre.

Mais pour les dictionnaires, les encyclopédies, le rapport n'est pas le même et les consulter nécessite de toute façon tout un attirail. Je pense que pour ça, le numérique est une bénédiction parce qu'on n'a pas tous les moyens d'avoir universalis chez soi, et que dépendre des caprices d'internet ou des horaires d'une bibliothèque (et du tram pour y aller), la calcul est vite fait, je trouve...
Et je suis d'accord avec Nani en ce qui concerne la poésie (et la nouvelle) : ce sont des genres très délaissés des lecteurs à notre époque et internet est vraiment un moyen extraordinaire de les faire vivre encore, et d'y sensibiliser un public qui n'aurait jamais mis le nez dans un recueil papier.