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Arbre

Le Temps des Rêves

ENTRER: franchir une frontière

Pousser la porte et entrer. Ouvrir. Sentir le bois chaleureux sous ses doigts. S’imprégner de l’odeur. Observer les membrures plus sombres, là où le verni n’est pas resté. Entendre le bruit des gonds. Sentir le souffle de l’air. Dans son corps l’émotion prend forme. On sait où on va. On est déjà venu. Ou alors, on n’est jamais venu, et l’appréhension est plus grande. Mais on sait quand même. Qu’on a déjà vu la pièce. Lorsqu’on pose sa main sur la poignée, ou quand on la pose bien à plat, paume écrasée sur le bois, sur la porte, pour ceux qui refusent la poignée, on sent ce sentiment, étrange. Apaisant, mais apeurant. Grisant. On espère. On commence à rêver. On attend le plaisir des yeux. Juste en posant la main sur la porte. Juste ainsi, on frissonne. On se prépare. On attend. Puis la porte est ouverte. On lève un pied. Le droit. Le gauche. A quelques centimètres du sol il vole. Passe la limite invisible. Redescend. Se pose. Effleure le sol. S’ancre. S’enracine. Le deuxième se lève plus rapidement. De façon moins timide. Plus téméraire. Le premier pied d’appréhension. Le deuxième de désir d’aventure. On est entré.