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Arbre

Le Temps des Rêves

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Plus haut

Vite, la main, la roche
La corde, le nœud dans le ventre
Vite, le ciel, de l'air, enfin
Souffle fort, il est froid
Plus haut, encore,
Plus haut !
La joue contre la roche
Les genoux écorchés
Le sourire irrépressible des fous
Plus haut, souffle, inspire,
Tend la main, hisse ton corps
C'est l'air qui te porte,
Pas ces jambes tremblantes
Pas ce cœur effaré
Pas ces bras épuisés
C'est l'air que tu respires !

Impressions

Assis jambes croisées dans ce creux d'ombre végétal
Au milieu du jardin, je respire les embruns
-Les yeux fermés-qu'exhibent les pétales.
Sur la toile de mes paupières closes
S'impriment sans violence
Les verts purs ou fanés des herbes de ma transe
Et les ventres des fruits, tous gorgés de soleil
Enflent sans faire de bruit, attendant le réveil.
Le vent fait frissonner ma peau, sans s'en douter
Entrainant dans sa course l'envolée des pollens
Au gré des courants, quelques uns échouent sur ma main.

Départ

Voyage téméraire
Au crépuscule d’un port
Le regard en arrière
Attiré par l’avant
Où l’écume danse
La valse de l’océan.

Je vois s’éloigner
Ces lumières au loin
Mais d’autres s’allument
En mon cœur
Les étoiles m’accompagnent
Là où la terre se meurt
J’écoute le chant des flots
Sentant sur mon visage
Un vent de renouveau.

tiquetac

Grises aiguilles anorexiques, versatiles
C’est le temps qui vous traque, le balancier maniaque,
Pulsation frénétique, est à votre poursuite ;
Il attrape et matraque les secondes qui claquent 
Damoiselles hérétiques, vous préférez la fuite.
Son carcan de bois craque sous le poids des tracas
Mouvement hypnotique, envoûteuse rythmique
Vous menant à l’impact, car à la verticale

Retentissent les gongs, orchestre assourdissant
Disharmonie maligne, ricochets ricanant
Sonne le glas du monde, la mort du cygne blanc
Concert de douze bombes, dignes soldats du temps.

Le château

Hautes murailles bardées de pierre
Tour de géant aux yeux de verre
Ancrés tous deux dans leur histoire
Comme un vieux chêne de mémoire

Etroits escaliers, petites portes cochères
Vastes écuries, murs aux cheveux de lierre
Qui se prélassent fiers attendant le retour
D'un seigneur, d'une dame, des guerres des anciens jours.

Bouclier obsolète admiré par la foule
Le vieux château regarde le temps qui se déroule
Réprobateur, presque borné, il passe en revue ses fossés.

Ruines abattues d'ancienne gloire
Immeuble de roche sali par l'Histoire
Reste une lointaine résonance
Quelques badauds, des apparences.

La Mer Blanche

Immensité immaculée
Flocons de neige, petits grains blancs
Vagues, portes ouvertes à l’éternité.
Mer à la surface froissée
Et si légère à la fois, s’envolant
Elle attend son marin patiemment
Quelque bel homme de lettres qui viendrait jeter l’encre.

Poème à la …

Prenez d’abord un beau poète
S’il est un peu abîmé, un peu trop mûr
Ne le jetez pas ;
Cela ajoutera un arrière-goût à votre plat.
Epluchez le poète, et quand l’âme est à nue
Piochez dans le bocal « les choses étranges du monde »
Et, délicatement, saupoudrez-en une pincée.
Faire monter le poète en neige,
Puis poser sur ses yeux deux fleurs d’inspiration
Ajouter un grain d’amour, et un peu de douleur
Faire chauffer d’abord jusqu’à ébullition
Ajouter une sauce de vision
Puis faire cuire à feu doux.

Servir bien frais à la sortie du four.