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Arbre

Le Temps des Rêves

Me revoici, me revoilà !
Merci à vous tous pour vos remarques qui m'ont permis de mieux savoir comment retravailler ce texte.

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zebree : le cerf-volant pointilliste, c'est l'image des papillons qui volent tous ensemble dans le ciel : ça fait plein de petits points de couleurs différentes tout en formant un tout, comme dans le pointillisme

zebree toujours : je n'ai pas voulu trop développer le jeu de mikado brisé parce que je trouve que l'image se suffit à elle-même. Cependant, ta remarque m'a permise d'introduire une autre idée qui file la métaphore sans la forcer : merci ! ^^

MKL : tu me diras si la nouvelle mouture est moins obscure ? ^^

J'ai pris le parti de faire deux textes différents et cela m'a permis, je pense, de plus les développer et de faire ressortir la singularité de la deuxième partie.
Pour vous expliquer le lien qu'il y avait entre les deux parties... j'avoue que c'est plus que ténu car j'ai actuellement du mal à m'en rappeler. je crois que ça s'est fait d'association d'idée en association d'idée.
Au début, l'idée de la parole qu'on jette par dessus son épaule avait pour sens qu'on dit parfois des choses qui vont prendre leur indépendance et aller toucher l'autre, celui auquel on pensait ou celui qu'on ne connaît pas encore mais qui attendait cette pensée. Le papillon s'est imposé de lui même.
Ensuite, le lien entre la seconde et la deuxième partie était faite dans mon esprit par les papillons. Le gamin aux yeux bleus qui envoie au soldat des pensées, qui communique avec lui par-delà les kilomètres. Et que le fait que l'un pense à l'autre et inversement, est une richesse. Le lien, en réalité, était inscrit dans la couleur. L'enfant envoie des papillons bleus vers le ciel. Les papillons se poudrent de lumière dorée... et ce sont des papillons dorées qui se posent les paupières de l'homme... et, finalement, les papillons rouges de l'humanité sont toujours les mêmes papillons... avec le sang de l'homme aux yeux bleus... tout n'est que recommencement ^^


BREF : trêve d'explications, passons aux choses sérieuses :

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Pensées ailées



J'ai jeté une parole par-dessus mon épaule. Derrière-moi, deux papillons se défroissaient les ailes en dansant.

Des courants d'air pur sont apparus dans le ciel et tous les papillons du monde s'y sont engouffrés en tous sens, volettant au gré de leurs envies et des appels lointains. Pensées aux ailes fragiles.

Vaste, vaste, vaste monde...
De là-haut, ils voient sûrement les déserts comme autant de flaques d'or et les villes de nuit sont des constellations. Les continents défilent, se succèdent sous chaque battement d'aile.

Là-bas, l'enfant lève les yeux vers le ciel. Il aperçoit un immense cerf-volant pointilliste. Il tend les bras et deux papillons bleus s'échappent de sa paume, tourbillonnent un temps puis disparaissent dans l'éclat du soleil, poudrant leurs ailes de lumière. Ils s'en vont là où le vent les mène.

Vaste, vaste, vaste monde...


**

Les plus beaux mots du monde



C'est la guerre.
Bien à l'abri dans nos petits cubes de bétons, on se bouche les oreilles, les yeux et le cœur autant qu'il est possible.
C'est la guerre.
Comme tous les jours, quelque part sur terre.

Si l'on sortait quelques minutes de nos vies, si on allait discuter un peu avec le ciel, on comprendrait pourquoi il a tant pleuré cet hiver. Et pourquoi le froid s'incruste dans l'azur.
Vu du ciel, les villes sont des jeux de mikado brisés. La folie explose sur elle-même. Et le premier faux mouvement ensevelira des milliers d'humains sous les décombres. Sur les routes, quelques silhouettes essaient de s'inventer un chemin dans la poussière coagulée.

Pendant ce temps, la terre tourne toujours et le ciel l'observe sans répit.
Un homme aux yeux bleus s'effondre sous la pluie, les pieds entravés de chaînes, une balle dans la tempe.

Le cœur du ciel se serre. Il cherche quelque chose pour atténuer l'évidence de ce cadavre qui vient de naître. Alors, il murmure les deux plus beaux mots du monde.

Deux papillons dorés se posent sur les papupières de l'homme.
Ça lui fait le regard du paradis.

Dans des millions d'années, deux papillons rouges veilleront sur le cimetière de l'Humanité.
Peut-être bien plus tôt.