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Arbre

Le Temps des Rêves

Kiira.

L’art est une tentative de se raccrocher au monde parce qu’on est en train de partir.
L’humeur bougonne.
Un isolement autistique.
Soi et le reste, les gens, indifférents, flous comme des fantômes ou des traces lumineuses laissées sur la pellicule.
Des passants.
Qui passent dans sa vie.
Sans visage.
Des silhouettes.
Des ombres noires.
Serrées dans leurs manteaux sombres.
La petite capitale plongée dans le grand hiver.
Kiira.
Est-ce que tu appartiens à ce monde-là ?
Non !
Je vais dériver encore un peu jusqu’à toi.


Puis nous partirons.
Où tu voudras, mais loin.
On fumera de l’opium, on oubliera l’Europe et la compétition.
Je suis venue te chercher
Kiira.





Elle avait le charme des femmes qui n’ont pas de suite dans les idées. Elle n’était pas du genre à dire Et toi, ça va ? parce qu’on parlait d'elle. La vie pour Kiira était peut-être juste une série de moments qui n’avaient aucun lien entre eux - j’aimais bien - cette façon qu’elle avait d’être juste là.
Sans excès de présence.

Kiira trace des huit silencieux sur la glace de lumière.

Par la fenêtre, le ciel est dégagé.
Je vois une étoile.
Je ne vois qu’une étoile.
C’est Kiira, qui brille seule dans le désert noir qu’est mon cœur.


Il est 23h30, je vais faire quelques pas dans la rue.
Je marche dans le néant blanc.
Kiira.
Peut-être n’existes-tu simplement pas.
Je t’ai entrevue l’espace d’un instant sur une télévision allumée par hasard.
Peut-être ai-je rêvé.
Où es-tu ?


Je marche dans le néant blanc.