En guise de prologue
Chapelier : L'aiguille se meut d'elle même sur son immense cadran. Il est temps. L'heure accourt déjà à ta porte.
Alice : Et je ne veux pas l'entendre.
Tiquetac Tiquetac Tiquetac
Chapelier : Elle frappe si fort, pourtant. Petite sotte ! Toujours là à nier l'évidence.
Alice : Non.
Chapelier : Comment ?
Alice : C'est le mot. Comment. Oui, comment nier ce dont je refuse l'existence ?
Chapelier : Cela ne dépend plus de toi, maintenant.
[
Sort sa montre gousset]
Chapelier : Regarde. Même elle s'emballe. Il n'y a plus rien que tu puisse faire. Les cartes ont changé de main.
Alice,
ouvrant les mains et scrutant ses paumes : Allez au diable ! Toi et ton monde insensé. Cela te rendrait heureux, n'est ce pas...
Sous leurs pieds, apparaissent d'immenses touches de piano volubiles en guise d'escalier
Chapelier : Tu t'es déjà perdu toi-même, enfin... Tes couleurs mêmes ne sont plus ce qu'elles étaient. Ces cheveux
Alice : Alice aurait toujours du être brune.
Chapelier : Plait-il ?
Alice : Tu as très bien entendu.
Chapelier : Bien. Qu'il en soit ainsi, si tu y tiens tellement. Ton séjour de l'autre côté du miroir n'a rien arrangé, à ce que je vois.
Alice : Tais toi.
Chapelier : Si c'est ce que tu désire...
Alice : Je ne sais plus quoi désirer.
Chapelier : Allons bon ! Ta tête même te ferait-elle défaut ? La reine te l'as pourtant rendu entièrement, je me trompe ?
Alice : Disparais
Chapelier : Bien, si c'est là ta dernière parole. Pauvre folle ! Tu perds le fil de tes mots. Ton verbe s'évapore.
Alice : ¨Peu m'importe. Mourrez, tous ! Après tout, ce n'est rien qu'un lapin noir avec une veste...