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Arbre

Le Temps des Rêves

Le ciel est confus ce soir,
le soleil peine à percer
à travers les lourds suaires
noirs comme le charbon
et lourds comme la suie
des nuages balayant l’horizon.
La pluie glace mon cœur
empli de désespoir,
débordant de rancœur.
Ce sombre blizzard
me prive d’air,
me prive de vie.

Je me confine dans ma chambre
qui me comprime.
Le cafard s’immisce
passant sous la porte,
comme le froid de novembre
sur son passage imprime
de sa sombre marque
les rouages et les vis
de ce cloporte qui m’insupporte.
De la tristesse je suis le monarque,
De cette misérable nuit
l’ennui est le pire ennemi.

Cette sombre crypte
que l’on nomme les pensées
me trouble et m’emporte,
et me voilà déchiré
sur des rivages lointains et hostiles.
Je sens en moi comme un boueux
Nil qui se distille.
Pourtant, loin est l’Égypte.
Mais proches sont ses Dieux
Qui me jugent et me narguent.
De leurs mains ils me déportent
et c’est là qu’ils me larguent.

Ici où là-bas, indifférence.
L’obscurité s’insinue
par les moindres pores de ma peau.
Comme elles sont trompeuses
toutes ces apparences.
Le pâteux capot
de mon corps aux aspérités calleuses
se referme en continu
sur mes mouvements
dorénavant exsangues.
Je redescend lentement
dans mon épaisse gangue.

Me voilà bloqué,
suffocant, haletant
en proie à une terreur
que je ne pourrais
ni décrire, ni nommer.
Mon cerveau est disloqué,
mon estomac plein d’aigreurs.
S’il le faut je me clouerais
encore et encore de la girofle
à même le palpitant
alors que ce dernier
déjà se boursoufle.

Ce monde semble souterrain
mais aussi proche de l’espace.
Froid, vide, sans air.
Sans lumière
sans personne
pour te tendre la main.
L’abime perce ma carapace
et me désarçonne.
Je tombe sans fin
dans une cave au sol
où rien n’est humain,
où je perds la boussole.

Nord, Sud, Est, Ouest,
plus de repères
dans les bas-fonds
où l’air vicié vous rappelle
que vous n’êtes qu’éphémères.
Ma peau n’est qu’un zeste
dont les fantômes se délectent
comme les épeires.
Me voilà, las, sur cet archipel,
poupée de chiffons
aux pensées abjectes
dignes des plus grands bouffons.

Tristes sires sur des royaumes
vidés de toute vitalité
que sont les idées
émergeant de mon cerveau.
La décomposition des certitudes
m’embaume.
La pestilence du caveau
me rappelle mon odeur,
reflet de ma candeur.
La décrépitude et la turpide
sont les seules amies
résultant de cette ignominie.

LANDES Mickaël

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