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Arbre

Le Temps des Rêves

Oh!...
Un texte que je peux rejeter en bloc!

Allez, si j'ai le temps après deux ou trois gribouilles, je développerai. Mais dans l'idée générale, la cause de ce rejet est celle ci : le rapport à l'animalité et/ou à la raison et le rapport d'hypocrisie face à ces deux notions sensées être opposées me gène.
Comment dire... L'idée de partir d'expériences vécues et en extraire des aphorismes sur lesquels régler sa vie (ou le rejet de celle-ci) fonctionne pas trop mal. Le seul soucis à mon avis (et à travers ma rationalité ^^) c'est que toute théorie devrait être posée selon des hypothèses bien déterminées, et permettre d'observer des résultats similaires suite à la reproduction de l'expérience. Ok, là j'embrouille les gens ^^


"L’homme est fondamentalement irrationnel, cela s’exprime d’une manière ou d’une autre et tôt ou tard."


J'aurais juste une question du coup.
Pourquoi des gens ont nommé l'espèce animale présentement désignée comme "Homo sapiens sapiens", du coup. L'homme sachant qu'il sait. Ce n'est pas juste une lubie nombriliste à mon avis, ni même un grand cri des Universaliste illuminés contre les irrationnels fanatiques de Dieu (ou autre). Juste une constatation liée à la nature même de la Raison : un cheminement intérieur permettant à l'homme de se construire au delà de son animalité (ce qui ne veut pas dire "sans" ^^)
Du coup, pour moi et a priori pour toi (qui est tout autant capable de regarder avec misanthropie au travers d'une Humanité qui est ce qu'elle est avec ou sans nous), ce simple fait de raisonner sur la nature d'autrui et du contrat qui nous lie (ou non) à la société est de la plus pure des rationalités.

"Il va sans dire que cet amour de l’autre et de l’Humanité, en principe, est une bien belle foutaise, l’autre n’est supportable qu’à distance et virtuellement, quand il fait retour sous la forme incarné, il débecte."

Ca, ça m'amuse profondément. Si si, sérieux, tu es le plus beau produit qui soit de la société de consommation!
Si l'idée générale auprès du Mainstream est de dire que l'animalité doit être rejetée, elle doit entre autre l'être de par ses aspects les plus désagréables qui nous rappelle à chaque instant nos petites difficultés personnels, et nous éloigne d'un état "divin" ou désincarné. Et oui, on a faim, on sue et cette sueur possède une odeur chargée de phéromones ayant des effets sur les personnes de sexe opposé, la fatigue existe, etc.
Du coup, dans un métro, on voit des pubs pour nous rappeler le désagrément de chacune de ces sensations, et on se prépare en s’aspergeant de déo "fraicheur 24"...
Dans le métro, on voit aussi des mères avec enfant profitant de la proximité du petit corps. Des jeunes qui parlent trop fort en bouffant la vie à pleine dents. De voyageurs littéraires en pleine découverte de leur monde intérieur. Des nomades qui se battent avec un accent immonde, à coup d'accordéon et de chansons nazes, pour rester en vie, chaque jour. Des déguisements à cravate se sacrifiant chaque jour un peu de leur joie et de leur jeunesse pour des familles qui n'existent peut être pas encore à travers des métiers déshumanisants.
A travers les faux sourires, si on retire soit même le masque des "oh non, je veux pas être comme ces marionnettes!", j'ai la chance de voir des bouts de société bien vivants. Je ne l'aime pas naïvement, cette société, oh non! Mais à travers ce regard qui accepte toutes les hypothèses (et non pas seulement celles qui m'intéressent pour le résultat que je veux retenir, c'est à dire : Humanité = Trash), peut être que je perds un peu de mon égoïsme et que je sors naturellement de mon système de castes.

"quand on dit « Je t’aime » à sa femme, on exclut toutes les autres, on ne dit pas « Je t’aime ainsi que toutes les autres femmes et le genre humain »..."


Héhé, c'est là que je dis qu'il faut partir d'hypothèses équivalentes et surtout bien déterminées pour établir une théorie.
L'amour que je conçois pour Autrui de façon générale, est basé sur :
- le respect de sa différence, qu'elle soit culturelle, sociale, de sexe, d'idéaux, de musique ou de fringues...
- une acceptation comme quoi mon avis n'est pas Tout puissant, mais juste un avis.
- le positionnement de l'autre comme un "partenaire de jeu", pas un ennemi qu'il faut convaincre ou abattre, ni un parent proche qui mourrait pour soi.
Du coup, une forme de relation de confiance à travers le langage peut s'installer.
Oui, je sais, il pourrait tuer pour nourrir sa famille, mais l’Afghanistan l'emmerde.
Oui, la forme de son nez la fait tellement complexer que pour elle toute la gente féminine est source de jalousie.
Oui, leur lieu de naissance ne leur a pas donner la chance comme à moi de sortir de leur cercueil de béton.
Oui, ils ont besoin de leur dose quotidienne de sexe et de muscle par injection rétinienne pour se sentir vivant.
En quoi suis-je différent? En quoi ma compréhension de leur blessure me permettra de croiser un regard sans me sentir agressé?

Du coup, il est simple de voir que la relation à un Autre beaucoup plus proche est différente. Même si il y a un seul mot pour dire "je t'aime" ou "j'aime le chocolat", ou "j'aime pas les (insert Hate here)".
L'amour d'une personne est pour moi une alchimie intérieure qui permet de compléter mon rapport au monde, qui agit à la fois sur mon centre des émotions (l'irrationnel) et ma vision du monde (le rationnel). C'est une envie sans limite de partager des expériences (et pas que celles du type "le monde c'est de la merde, même si ça arrive ^^). C'est l'envie de donner de soi au delà du corps, de l'instant présent, au delà des mots et des maux...
... et faudrait vraiment en avoir un grain ou se sentir investi d'une mission divine pour vouloir donner ça à un voisin bourré qui frappe son chien à 4h du matin.

"Ce qui est éprouvant avec des religions comme celle de la Raison ou de l’Humanité c’est qu’on ne peut pas s’y opposer."

Du coup je reviens à ça.
On peut toujours s'opposer à tout. C'est même une armure assez simple à porter, une carapace d'acier ensanglantée bardée de lames et de barbelés. Le soucis, c'est que dedans, on est forcément seul.
Moi je suis assez fan d'armures légères, depuis peu. Ca permet plus de mouvements, on a une meilleure vision périphériques, et ça permet de sauter plus facilement de contourner des limites posées par une Humanité qui semblerait bien rigide sinon.
Alors ça reste toujours moins Mainstream qu'un T-shirt de sport, ça protège toujours des coups dans le dos, ça enferme toujours un peu le cœur. Mais ça n'enferme pas les intuitions vivent derrière une carapace de rejet qui paradoxalement les étoufferait.

D'ailleurs... un dernier aphorisme...
"Contre l’Humanité, les arguments, - ou plutôt les rejets - les intuitions vives, sont là immorales."

En quoi vivre de façon légèrement différente de la société serait forcément immoral?
Un artiste qui ferait du Land art son but serait l'équivalent d'un des gamins de Colombine surarmé entrant dans un lycée? Ne pas vouloir prendre le métro parce qu'on aime pas l'odeur serait Immoral?
Du coup, je voudrais savoir ce que tu appelles un argument immoral.
(et attention, en réponse je risque de citer StAugustin, je préviens Cruel)