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Arbre

Le Temps des Rêves

Mon âme, la précieuse, l’immortelle, bercée pendant des siècles par le rythme des secondes s’est disloquée comme une vielle horloge. En cette nouvelle année le temps a démantelé tout son beau mécanisme.

J’ai pleuré pendant des jours, mes songes racontaient tous les mythes anciens, ces histoires qui caressent notre humanité, et qui dévoilaient ce que mon âme venait de perdre. Sous les coups de la folie je hurlais ma peine : je sombrais dans un néant étoilé de rêves, dans lequel je retrouvais l’ombre de mon essentiel.

Si élaborée, elle était ma machine à remonter le temps. Voyageant à travers milles vies antérieures, je sentais le parfum des fleurs en plein hiver, et toute la merveille de la nature immaculée m’était révélée.

Aujourd’hui je saisis la perfection à demi artificielle qu’elle recelait. Mais aujourd’hui ne compte plus. Je suis seule, et ce mot n’a jamais pris autant de sens. Plus qu’un animal, je guette le moindre regard étincelant. Mon Soi et mon autre ont été brisés, il est un temps où plus rien n’a d’importance, même ce qui fonde nos espérances et nos envies, nos folies et nos valeurs, et ce temps est venu à moi. JE suis nue dans la froideur du néant.

On dit que l’amour fait naître toutes les vertus, et nourrit l’âme. Mais la mienne n’a pas été portée par la beauté des sentiments. Sans une magie, sans un mouvement perpétuel, elle ne pouvait poursuivre le temps dans sa course interminablement.