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Arbre

Le Temps des Rêves

J'ai fini ! et j'aurais énormément à dire ! Mais je vais laisser décanter mon admiration-stress-déception et surtout dépression pour revenir plus tard Grand Sourire
Sans entrer dans le détail, je suis plutôt d'accord avec Lune, même si aucun élément ne m'a laissée "incomprise", c'est plutôt beaucoup de détails apportés de temps en temps et peu approfondis et parfois oubliés qui font les "incompréhensions".
bon finalement je suis partie...

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Après je salue la bravoure de ce style d'écriture, notamment pour les personnages de Caracole, Golgoth et un ou deux autres mais qui parlent moins souvent. Je salue les différences de caractères de chacun, mais parfois j’ai noté que les signes qui précédaient les paragraphes n’étaient pas les bons (ça aide pas à comprendre ^^). Les capacités et connaissances de tous étant très fragmentés et bien réparties : machin fait ça, bidule ci, ça aide aussi a reconnaître les personnages. Par contre les surnoms (petite Source, la Lueur …) faut du temps parfois pour comprendre à qui ils s’appliquent. Les relations entre les personnages sont bien étudiés, quelques uns se distinguent : Pietro, pour sa recherche de noblesse légitime, Caracole, parce que c’est Caracole (son nom suffit), Golgoth, pour son attitude vraiment peu habituelle, et Oroshi, par le fait que l’auteur à chaque fois s’appesantit délicatement sur ses descriptions, histoire de dire : « hé ho, celle là retenait là, vous aurez besoin d’elle » !
Par contre je trouve que l'histoire est menée de manière très étrange et parfois maladroite, des fois même on se demande si il n’a pas coupé dans le vif (ha ha) certains passages parce que 700 pages, c’étaient déjà beaucoup… comme il y a quelques lecteurs ici moi je donne les exemples : un des hordiers voit sa mort dans la flaque (flaqui flaquo) de Lapsane, touché par une îloméduse. Cette mort surviens quelques pages plus tard mais on ne l’apprend qu’ensuite, par procuration, alors que Pietro, leur petit Prince au grand cœur, demande comment ils n’ont pas pu remarquer qu’un des hordiers manqués… bali balo, tombé à l’eau ! De même à d’autres reprises. Quand il y a de l’action soit il fait une ellipse et la raconte à postériori (la remonté du fleuvent par Golgoth, on ne la comprend que peu à peu pendant que Caracole joute contre un glaçon avec des mots), la mort que je cite au dessus etc… sinon, il découpe l’action entre la narration de chacun des personnages, ce qui rend la chose à la fois intéressante : certains comprennent plus que d’autres ce qu’il se passe, et à la fois terriblement incompréhensible et frustrante : parce que d’autres ne pige vraiment que dalle, voir se méprenne, et ça devient difficile à suivre.
Côté suspens … en réalité il n’y en a pas. La fin se devine assez facilement, mais même les secrets des quelques personnages qui en ont, ils sont annoncés bien avant que les héros ne les découvrent vraiment. Tout le monde me disait « Mais il (allait je suis sympa je ne cite pas le nom, mais ceux qui savent comprendront) a un autre secret, bien plus important, tu comprends à la fin ». Sauf que (personnellement en tout cas), son secret et dévoilé pour une première partie lors du voyage sur la barque des Fréoles et ensuite dans le passage avec le Corroyeur. Que notre cher ? à l’envers était de la poursuite, ce n’était pas devinable (tout le monde était potentiellement traître), mais le fait qu’il soit un chrone doué d’une intelligence propre, ça quand même, l’hypothèse était facile à faire !
Pour les éléments inexploités, ça c’est certain : à travers tout le livre, l’auteur aurait l’occasion (enfin, moi c’est ce que je cherche dans un livre) de nous faire ressentir des sentiments forts, de mettre les personnages dans des situations compliquées, mais à chaque fois il évite la confrontation (j’aurais aimé connaître la réaction de Gogo quand Caracole revient de la tour d’Aer, sûrement en disant « Salut ! Je reviens de mes vacances, je vous ais fait perdre, à cause de moi vous devez faire une révolution – dont on n’entend pas parler d’ailleurs, mais surtout accueillez moi comme il se doit ! » ) et il préfère la théorisation : montagne et montagne d’explications pour dire pourquoi le combat se déroule ainsi etc… ce qui est cool c’est que lorsque trois se battent, les autres ont le temps et la lucidité (bon Oroshi ok, mais c’est une maniaque) de réfléchir à l’action des autres et même d’expliquer à ceux qui ne comprennent qu’ils utilisent tels ou tels pouvoirs des mots, du vent etc… chapeau. Le seul moment vraiment fort du livre, où il exploite à fond ses donnés et sa narration, c’est Norska. Là, c’est l’horreur absolue (en tout cas pour moi), la puissance de ce passage et son horreur est géniale. C’est à ce moment là que les ellipses deviennent terribles, lorsque les personnages disparaissent un par un, entre ceux qui meurent pour rien, et ceux qui se sacrifie, ceux qui savent qu’ils vont mourir… bref la grosse catastrophe. Personnellement, ça m’a énormément touché de voir le groupe se dissoudre peu à peu et chacun tombé d’épuisement ou dans la folie (le Fauconnier m’a donné la nausée). Après trente ans de vie commune en arriver là… c’est juste infâme (que plus personne ne vienne dire que je suis horrible avec mes persos : au moins ils ne meurent pas pour rien ! ). Quand à ? à l’envers, qui répète sans cesse à Sov (le scribe du groupe, qui considère ? à l’envers comme son meilleur ami, même si techniquement les sentiments ne sont pas réciproques) « Demain je vais mourir » et qui vient lui faire ses adieux… non là c’était trop. Surtout d’utiliser Sov : le seul avec Golgoth et Pietro qui sente la Horde et tisse ses liens. Je me suis beaucoup reconnue dans ce personnage par sa manière d’aborder ses relations avec les autres (même s’il lui manque juste de savoir se détacher de ses liens qu’il créait pour atteindre ce que je considère comme l’idéal sentimentaliste au niveau des relations). C’est ensuite que tout dégénère, après Norska. La narration devient longue, Oroshi nous assomme d’explication de derniers moments. Le truc de récupérer les vifs, c’est une bonne idée, mais ça devient un peu facile, et hop tu meurs je t’aspire… l’idée est bonne mais devient carrément absurde, tout comme le reste de la fin (alors déjà que leur quête était dérisoire… enfin comme dit Pietro : « l’important c’est pas le but, c’est tout ce que nous avons traversé »). Entre ceux qui partent galoper sur les chevaux et ceux qui se suicident volontairement ou non… hého ! il en restait huit, ils étaient pas tous obligé d’en finir comme ça ! Pourquoi seul Sov pourrait atteindre la fin ? Moi la seule question qui me reste c’est : est-ce qu’Oroshi savait qu’il n’y avait pas d’extrême amont parce qu’ils étaient revenus à leur point de départ ? En tout cas, il paraît ironique que la quête de Sov soit « Comment être vivant ? Pourquoi je contre ? » et qu’il soit le seul à comprendre la vérité. C’est même terrible, est-ce que ça signifie que tout est vain ou que la quête seule compte ? C’est vraiment dommage de ne pas connaître sa réaction face à la conclusion du livre. Et je trouve horrible que son défi personnelle soit la solitude vu le personnage, c’était vraiment bien joué ça aussi (dans l’horreur que ça provoque, par compassion pour le perso), mais ça arrive à un moment où on est dans un tel état d’abrutissement –finalement comme si nous aussi on était seul, que c’est un peu plombé. Après tout il est au fond du trou (où en haut de la falaise), alors il ne peut rien lui arriver de pire ^^.
Sinon pour repartir dans les compliments, l’inventions de ces décors, des ces objets, faunes et flores est vraiment géniale, et il a eu le génie de savoir exprimer des théories complexe grâce au mot « Vent », et de faire tortiller nos cerveaux (cervents, tout ça c’est du vent !) sur des réflexions sur les relations, ou le but d’une vie… fort intéressante et qui s’approche beaucoup de sujets auxquels je réfléchis aussi (avec des ami(e)s qui se reconnaîtrons :p), donc au moins merci d’avoir su dire ce qui nous brûlait les lèvres mais n’arrivaient pas à s’exprimer.

La 7ème forme est le vent vertical. Bizarre étant donné qu’ils connaissent les tourbillons (donc le vent monte forcément non ?). De plus s’ils ont des bases de mécaniques des fluides (Oroshi) pourquoi ne savent-ils pas que le vent se créait par différence de pression dans l’air (pour simplifier l’affaire ?). La huitième je suis pas certaine de l’avoir pigée (un truc sur les relations etc…) elle a l’air plutôt inutile mais permet d’y opposer la neuvième, qui est l’abattement. Sauf que c’est bien joli mais les autres sont trop physiques à mon goût pour donner l’appellation de vent à ces deux principes. Il aurait pu utiliser le vif (affaiblissement, maladie…) pour expliquer ça. C’est la seul fois où le mot vent ne résout pas le problème à mon sens. Et pour moi la neuvième semble plutôt être la réalisation des pires fantasmes/cauchemars de chacun qu’un simple et véritable sentiment interne. La neuvième forme de vent serait alors un vent hallucinatoire je ne sais pas (plein de chrone empoisonnés, tels des miasmes ?). Enfin bref, je trouve que les trois dernières formes du vent ne sont pas logiques. Les deux dernières (les liens et la contre-quête, l’abattement et la mort interne –il meurt lentement celui qui…) s’expliqueraient plus par leur vécu : la huitième les trente ans de contre ensemble, et la neuvième chacun la ressent un jour où l’autre, alors pourquoi l’appeler vent ? pourquoi appelle-t-elle ces défis suicidaires ? borf.


Voilà, donc plus rapidement : très bien, très intéressant, pleins de concepts à réfléchir, des personnages originaux et inspirés, mais pour moi une narration un peu trop façon « exposé » qui manque parfois de fluidité et qui n’utilise pas les différents points de vue pour rendre l’histoire plus intéressante (à part nous frustrer pour nous raconter des trucs inutiles pendant que les autres se font venter-massacrer-piéger). Une pré-fin géniale et une fin complètement absurdissante, qui laisse beaucoup de questions à l’esprit (notamment sur la légitimité et la logique de cette fin).